Elan oui, mais aussi : organisation et technique

1/2 L’organisation nuit-elle à la spontanéité de l’élan créateur? Non!!Les spécialistes de la créativité, par exemple Anne-Marie Jobin dont j’ai déjà parlé, l’affirment. Mes citations viennent  de  La vie faite à la main. Illustrations persos du propos avec l’essai d’une technique tirée du magazine américain CPS (Cloth, paper and scissors, numéro Mars 2012 by Rebekah Meier) bientôt, je vous parlerai d’une autre technique différente, mais tout aussi intéressante. Certaines amies ayant reçu ces cartes m’ont demandé de leur faire un article détaillé.

Préalable: Cette technique m’a ravie dans son déroulement et son résultat; elle se fait en plusieurs étapes; il convient de s’organiser. J’ai fait en même temps 8 cartes, donc une assez grande surface qui pourrait servir à faire une couverture de livre, des marque-pages…………..etc. Soyons….organisées: en bleu marine: A.M.Jobin, en  rouge foncé les différentes étapes de la  technique.

étape 1: on colle sur un tissu de fond blanc, (peu importe d’ailleurs!) une feuille de même dimension thermo-collante. Enlever le papier, on va travailler sur la face collante.

« S’organiser pour la réalisation de son projet est l’étape où l’on commence à tisser le lien entre l’esprit et la matière ».

Etape 2:poser des petites coupures de papier de soie, bouts de dentelle, napperons, bouts de lettres manuscrites ou dactylographiées. Lorsqu’on est satisfait du résultat, repasser.

« Pour qu’un plan d’action, canalise l’énergie, il faut qu’il reste souple;s’il devient rigide, il va en réduire la fluidité et la force parce qu’il empêchera l’exploration et la fluidité ainsi que l’ouverture aux changements de forme. Un plan n’est jamais coulé dans le ciment, il doit pouvoir s’ajuster en cours de route ».Etape 3:diluer avec un peu d’eau (tester) de la peinture acrylique et peignez votre fond de façon à l’unifier mais à ce que cela couvre comme un voile transparent. Laissez longuement sécher. Etape 4: Décorez avec stencils, tampons, feutre indélébile…tout marche bien sur ce fond. Vous remarquerez peut-être mes libellules taillées dans des larges gommes (publicitaires) Je vous laisse jusqu’à l’article suivant, nous sommes à la moitié de la technique. Ouf!!!

« Votre organisation doit être précise, mais non excessive Vous ne pouvez pas tout savoir à l’avance et plusieurs facteurs peuvent interférer avec le plan savamment construit. C’est en confrontant votre plan à la matière que vous verrez ce qui fonctionne. Le plan ne doit pas vous enchaîner, mais vous stimuler à l’action ».

La suite  des étapes dans le prochain article! Vous me suivez? Donc, à vendredi!         

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http://blogapatch.over-blog.com/ je donne l’adresse, mais n’y allez pas, ça me donne plus de chance de gagner!^_~ ! Le genre de trucs faits-main que j’aime!

Reliques bergères

La veste de mémoire 2/2:

 « Se conformant à l’usage, le futur Ryokan avait cousu lui-même son vêtement, assemblant à tout petits points une série de bandes de coton, suivant ainsi le patron de nos vies, mosaïque de pièces puisées de-ci, de-là, patchwork d’instants reliés les uns aux autres par le fil du temps, ce temps parcouru d’inspiration en expiration, chemin suivi à petits pas jusqu’à l’ultime étape, le fil coupé dans un dernier soupir« .(Daniel Charneux, Nuage et eau)

Au risque de me répéter (l’ai-je dit ici ou dans la 1° partie ?) 1-la veste sera accrochée à un drap sur lequel sont portées différentes notations et citations  au pochoir ;2- cette veste va évoluer  au long du temps et des intempéries, et c’est intéressant ; aussi-sera-elle photographiée  plusieurs fois pendant les 2 à 3 mois que durera l’expo 3- la charge émotive est très importante, car je me souviens bien de celui qui la portait, qui n’est plus là, humble travailleur que j’ai toujours vu dans cette tenue qui le définissait.

« Ma nuit n’est pas noire, elle est bleue et c’est un bleu qu’on respire« ! Michel Tournier

Chaïm Potok :« Des millions de gens savent dessiner, mais il y n’y a pas d’art sans un cri jaillissant d’une façon particulière. »

RELIQUES BERGERES:

Cette veste est un cri, je me souviens de l’homme qui la portait ,jamais une plainte, le front courbé sur la terre; juste, un jour,il s’évanouit parce que le fils très aimé vient de disparaître!

Une vie et l’oubli , une veste et l’usure, le temps a fait son travail,le labeur aussi… »A l’oeuver, on connaît l’ouvrier », dit-on….Gérard Macé lui, remarque:« Des vêtements qui n’habilleront plus personne, des étoffes qui furent tissées pour des fantômes »

Jamais  de soie sur soi, mais du bleu sur soi,et  des bleus à l’âme: fantôme avant que d’être mort. Et, point d’orgue, ce superbe tercet de Sully Prud’homme :

« Je connus mon bonheur, et qu’au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes,
Et depuis ce jour-là, je les ai tous aimés. »

Nulle ne peut se vanter de se passer de ses amies, mes abeilles: merci! A mercredi!

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PS: Plusieurs d’entre vous -dans les commentaires du 1° article- m’ont parlé de tablier; moi-même j’ai déjà évoqué je ne sais plus où, le tablier fameux du célèbre peintre Simon Hantaï, obésédé par le souvenir de sa grand-mère pliant soigneusement son tablier noir ce qui  allait au bout du compte, donner naissance à  sa fameuse technique de peinture de plis, déplis, replis; j’ai en tête un formidable article sur la fonction dont la mémoire familiale a déterminé une oeuvre fascinante….

« Ce bloc de temps pétrifié »

1/2

L’an dernier, sur un ancien terrain militaire qui n’est plus en activité, non loin de chez moi, on a organisé une sorte de grande expo de plein air: les oeuvres sont restées en place, au vent, au public, aux intempéries et au soleil pendant 2 mois, sans surveillance; gloablement, (et sauf 2 ou 3 exceptions) j’ai été très déçue par ce que j’ai vu…

Cette année, de nouveau on m’a demandé si je voulais participer, et le terrain, la poésie des lieux: le Causse, lieu de mémoire du travail paysan m’ont inspirée. J’ai pensé au bleu du ciel, au bleu de travail des agriculteurs, à la modestie des vêtements, à leur beauté aussi. Humilité immense dont nous manquons tant. J’ai cherché ce qui me convenait; dans une grange, abandonnée sur un clou, j’ai trouvé cette veste…….. et c’est sur elle que j’ai travaillé:

Un coeur récupéré dans une poche, aux bords brûlés,  un portrait de laboureur imprimé sur textile (il porte la même veste), je l’ai plastifié, et tout est cousu puisque personne ne surveille ce lieu ouvert à tous les vents qui souffle sur la région…

« Viens, mon amour, viens cueillir les éclairs dans le jardin nocturne. Prends ce bouquet d’étincelles bleues, viens avec moi arracher quelques heures incandescentes à ce bloc de temps pétrifié, unique héritage que nous laissèrent nos parents. » (Octavio Paz)

 « Pour mémoire noeud au mouchoir », au grand mouchoir bleu avec lequel les paysans s’épongeaient le front, le même dont ils nouaient les 4 coins lorsque la chaleur était ardente au soleil de l’été!

HABIT HABITE:

Une plume cueillie au détour d’un chemin par la main calleuse et qu’il a enfilée dans sa boutonnière, une montre en gousset, une chaînette de  coton résistant, la mémoire paysanne, l’habit habité!

« Par les soirs bleu d’été, j’irai par les sentiers »,  (Rimbaud)

Poésie du bleu de travail: une pièce de tweed et un peu de ciel bleu, celui des yeux, celui du vêtement de mémoire: « La peinture est mémoire nimbée de lumière. » (M.Angel asturias)

Vieux drap, lisières, récup’, reprises main et machines, les couches se superposent; vêture émouvante qui dit la sueur,le gagne-pain, les soirées, les matinées, les dimanches passés à gagner durement sa croûte…………

Celles  qui me suivent depuis les débuts (voir http://artisanne-textile.fr/?s=page+robe+de+m%C3%A9moire&paged=2) se rappeleront la robe de mémoire bien plus précieuse que j’ai cousue il y a  2 ans (Peau d’âme en janvier 2011)et qui transmet une mémoire familiale…L’oeuvre est diffrérente, mais tout aussi pleine de sens et attachante….

La prochaine fois, vous verrez non plus les détails, mais l’ensemble. Puisse le vent qui souffle sur le Causse donner à cette veste la possibilité de se détacher de la pesanteur des jours laborieux…….La Mémoire lui donnera des ailes et la rendra légère, plus légère que la boue du champ …Mes amies -abeilles, faisons notre miel de ce passé qui nous pousse à aller de l’avant en nous souvenant des mains qui ont ouvert le chemin sur lequel nous avançons…A dimanche!

Ce fil qu’est l’écriture

Ce mercredi, sur arte à 8 heures 55, l’émission sur les trésors cachés parlait des brodeuses du Gujarat, où je suis allée; très belle et rare émission que vous devez pouvoir « podcaster » ou revoir sur http://www.programme-tv.net/programme/culture-infos/3437173-tresors-caches-du-bout-du-monde-l-ouvrage-des-brodeuses-du-gujarat/

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Il est un écrivain qui dans un petit recueil atteignit son sommet: Maxence Fermine et Neige. Je n’ai rien lu ensuite de lui qui soit aussi beau. C’est à lui que j’ai emprunté mon titre d’article et les extraits qui suivent en bleu marine. Certes, M.F évoque dans ces lignes le métier d’écrivain et moi celui de deux amies qui échangent une correspondance; mais il s’agit toujours du même rapport étymologique texte et textile.

L’écriture: art de  funambule. Écrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une oeuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. Écrire, c’est avancer pas à pas,  page après page… »

La plume de l’oiseau pour parler de l’écriture….Un timbre- coeur et amitié…Du velours, pour la douceur, de la dentelle pour le travail arachnéen de l’orfèvre en mots….

Une 1° enveloppe, car l’enveloppe n’est pas sans importance:

Un petit visage de Martine Lamy récupéré sur une affiche, posé sur une feutrine.

« Le plus difficile, ce n’est pas de s’élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n’est pas non plus d’aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d’une virgule, ou que l’obstacle d’un point ».

Le dos d’une 2° enveloppe (au -dessus) et le côté recto (dessous)

Et toujours la récupération d’un minois de M.Lamy; c’est lui qui guide la main et l’esprit…………Dernière enveloppe, celle-là longuement brodée, encore  avec des timbres récupérés. Une sorte de jardin où chantent un oiseau brodé, un autre imprimé….La voilà ouverte:

Points de broderie employés: ils sont nombreux; vous pouvez m’interroger sur ceux que vous ne connaîtriez pas. Mais je vous conseille aussi d’aller sur l’excellentissime  site de Rosalie Wakefield (rosaliewakefield-millefiori.blogspot.com) bourré de techniques très particulières: pour la fleur à gauche,  une couchure concentrique, les chatons un peu partout: au point de tricot et d’épine, la 2° fleur à gauche: un tissage sous point de tricot,  les 2 feuilles les plus en bas à gauche se font sur un carton (technique anglaise inédite et dont j’ai oublié le nom) vous en verrez d’autres sur l’enveloppe, la fleur la plus à droite: point de poste et de tricot combinés.

« Le plus difficile,  c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe. »

« Viens à la maison -y’a le printemps qui chante, viens à la maison, tous les oiseaux t’attendent, les pommiers sont en fleurs, ils berceront ton coeur »…………..chantait Claude François; ce jour -là mon fil lui aussi avait le coeur en fête, car rien n’est plus doux que célébrer l’amitié. Ily faut deux  oiseaux : celui qui chante, celui qui reçoit le chant et le renvoie en écho! A bientôt, mes amies poètes et musiciennes du fil….

La « veste de mémoire » en place

Le 25 mai dernier, sur ce même blog, dans l’article titré « Ce bloc de temps pétrifié » et le 28 mai dans celui titré « Reliques bergères », je vous ai parlé de ma « veste de mémoire » une installation à mettre en place dans le Causse périgourdin (entre Sorges et Coulaures sur l’ancien terrain militaire); voilà qui est fait! Et comme la plupart d’entre vous habitent loin, petit aperçu de mon installation:

La 1° mise en place avant les « oriflammes »

Les détails ajoutés petit à petit et sur place:  

Petit à petit, dans une poche, l’oiseau a fait son nid!

Les citations et textes:

 L’accrochage:

En s’approchant de la clairière:

On y est, c’est LA. Comme si vous y étiez!

C’est en place tout l’été, perdu au coeur de cet endroit  déserté qui fut autrefois  habité et largement parcouru. Merci chères amies-ailées qui étiez du voyage au fin fond des bois. A dimanche soir !