Où l’on reparle un peu de créativité (et ce n’est pas fini!)
C’est en brodant qu’on devient…………..
Euh, au vu de mes essais, je ne prononcerai pas le mot « brodeuse », mais je vais m’appuyer sur des citations d’Anne -Marie Jobin (La vie faite à la main que je vous encourage non seulement à lire, mais à pratiquer; c’est une démarche indispensable et thérapeutique): « Donnez-vous sans tarder le droit de créer dans l’expérimentation et le plaisir, de faire jaillir de votre quotidien, les trésors qui cherchent à émerger (…) Aimez vous assez pour vous donner le droit de créer »!
Avant même d’aller dans le Kutch (au Gujarat) j’étais éberluée par le travail d’entrelaçage.
Dans cette région du monde, la plus colorée grâce à ses costumes et brodeuses, on brode le point de chaînette …à la chaîne:
Il faut savoir qu’on ne brode pas ce point à l’aiguille, mais au tambour et au crochet. Et on fait des entrelacs ahurissants qui portent le nom de broderie Kutch (ou Kutsch)Il y a plus d’un an, j’avais soumis cette pochette à mon amie Deepa(http://deepashome.blogspot.com/2011/06/kutchwork-shisha-tutorial-part.html) qui avait tenté d’expliquer par un tuto, le secret de cette broderie casse- tête que les femmes réalisent en Inde en quelques minutes.
Ce point parfois se pose sur des sequins ou des miroirs.
Sachez pour info que ce point est apparenté à ce qu’on appelle la broderie arménienne (
http://armenianembroidery.tripod.com/sketches.htm) car les fils tissent entre les régions du monde un énigmatique réseau d’admiration mutuelle et d’échanges:
Après les tutos de Deepa, j ‘avais essayé de réaliser ces points, mais mes essais avaient lamentablement échoué. Je n’aime pas rester sur un échec, je sais que je n’avance qu’en franchissant des étapes, j’aime me lancer des défis.
« L’étape de l’action est une étape souvent très satisfaisante dans le processus de création car vous ne faites plus que rêver, vous concrétisez ce à quoi vous aviez songé ; les choses prennent forme devant vos yeux. Quelque chose qui était invisible devient visible. »
J’ai donc décidé de tenter à nouveau l’expérience, je pensais utiliser 1/2 heure, mais j’ai mis 2 heures à broder un petit module de rien du tout:Si vous y regardez de près, il y a des tas d’erreurs; mais je me console en me disant qu’en Inde aussi, on brode des kilomètres de bas de jupe, de corsages et que si j’examine ces broderies, il y a des tas de réajustements. Broder c’est réfléchir et prendre des décisions!!
(Il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en avançant » écrivait Antonio Machado)
Ce qui compte, c’est être allée au bout: » N’arrivant pas à réaliser nos rêves, nous finissons par perdre espoir et confiance en nous -mêmes ». Ce n’est pas mon cas, je réessaierai d’autres motifs kutch (en particluier les bordures), et je vous encourage à tenter l’expérience. Celle-ci serait inutile si je n’en tirais quelques leçons. 1- Je brode toujours avec une feuille de papier à carreaux qui remplace le mètre, peut s’épingler au bord du travail ; avec mon stylo magique qui s’efface au fer (merci Janik! janikbianca.over-blog.fr/) et ma feuille, j’ai juste dessiné vaguement mes pointes de motifs. C’est insuffisant. Il faut plus de rigueur et dessiner une grille parfaite. 2- Dans ma hâte de travailler, je n’ai pas doublé mon tissu, il est trop fin par rapport à la grosseur de l’aiguille dont le chas qui doit laisser passer le coton perlé (teint par moi-même) 3- j’ai été si vite que j’ai d’ailleurs utilisé mon tissu sur l’envers , de l’autre côté, il est brillant et plus joli. 4- Les petits carrés sont trop petits, les grands trop grands. Pour moi, la bonne mesure, serait 3 petits carreaux (sur les tout- petits, le fil a du mal à se faufiler). sur le dernier essai (juste en dessous) 3 carrés sont bien nattés, et, surtout, j’ai été beaucoup plus vite!!!
« il n’y a pas de but à attteindre, seulement une invitation à sentir ce qui palpite dans le silence immense et à laisser émerger naturellement le prochain pas ».
Voila, mes articles me prennent en général beaucoup de temps, si j’ai avivé votre curiosité, j’en serais vraiment satisfaite; mon plaisir est dans cette création- là (La broderie, le travail de rédaction de l’article, et ce partage!) Rappelez-vous (ou lisez très vite) Femmes qui courent avec les loups (Clarissa pinkola Estès) et ce conte terrible Les souliers rouges: une petite fille se fabrique avec des restes de tissu des souliers rouges certes imparfaits, mais dont elle est -à juste titre- très fière. Sa grand-mère, méprisant son travail, les brûle. La jeune couturière va être entraînée dans une dramatique descente aux enfers….Soyons un peu fières de nous: »Laissez s’ouvrir un à un dans le soleil vos pétales colorés, humblement, simplement.. »
Voir les abeilles danser autour de la ruche, c’est un spectacle dont je fais mon miel: merci! Exceptionnellement, je vous dis « à jeudi soir »!