1° article de 3:
On ne peut tout avoir, je n’ai pas le talent de la terre, mais j’ai celui du fil. Mes jardins en 3D sont brodés, c’est long, mais je crée ainsi, je laisse le temps choisir mes parterres, j’opère une taille de mes topiaires et je fais ce que préconise Candide….:« Quand l’homme fut mis dans le jardin d’Eden, il y fut mis « ut operaretur eum », pour qu’il travaillât : ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos. – Travaillons sans raisonner, c’est le seul moyen de rendre la vie supportable. » Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. La petite terre rapporta beaucoup. Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »
Cet article sera suivi de 2 autres un peu liés, vous comprendrez ainsi pourquoi je fais cette rétrospective et où je vous emmène; promenez-vous en attendant. N’est-il pas doux de s’imaginer ainsi, nez au vent, la pensée libre, le pas hasardeux?
Il y a 5 ans environ, j’ai ouvert un livre en anglais Embroidered knot gardens (de Owen Davies, un brodeur -ce qui n’est pas si courant- et très gentil puisqu’il a répondu à ma lettre alors que je n’étais pas une future étudiante des cours qu’il dispense!)
J’ai lu ce beau bouquin, me rendant compte -pourquoi n’y avais -je pas pensé seule?- , qu’on pouvait créer en 3D de fabuleux jardins aux buis taillés (très gourmands en laine à canevas).Il faut environ 6 mois pour en réaliser un et beaucoup de patience; mais quand on aime, hein, le temps? Ce jardin peut aussi être placé -comme je le fais chez moi- dans un écrin, une vitrine, sur une table, c’est un jardin-objet! J’ai dessiné un premier parterre (photo 1), rebrodé librement sur une toile Aïda, ensuite tendue sur un carton.
Il y en eut 5 au total; mais c’est si long à faire (je l’ai dit: plusieurs mois) qu’à moins d’avoir une occasion spéciale, on baisse les bras avant même de commencer, ce qui est d’ailleurs dommage, car au fil de mes créations, j’avais compris plusieurs choses; couvrir (par exemple) le fond est très long, alors on peut le peindre ou, comme je le fis parfois, semer des points de couverture avant la broderie des fleurs et des buissons, mais cela reste interminable et ingrat.
Donc, dans les deux prochains articles, vous verrez quelle occasion a relancé la « machine jardinière »; en attendant, je vous laisse avec La Fontaine (il avait la charge des Eaux et forêts!) qui évoqua plusieurs fois les jardins…
« Un amateur du jardinage,
Demi Bourgeois, demi manant,
Possédait en certain Village
Un jardin assez propre, et le clos attenant.
Il avait de plant vif fermé cette étendue.
Là croissait à plaisir l’oseille et la laitue,
De quoi faire à Margot pour sa fête un bouquet,
Peu de Jasmin d’Espagne, et force serpolet. »
(le jardinier et son seigneur)
A bientôt amies abeilles, visiteuses ailées de nos jardins………..