La robe mémorielle 9:
« Objets inanimés, avez -vous donc une âme? »
Sur la photo dessous, vous noterez les volants; ils sont coupés dans une « combinaison » (ou robe de dessous)de ma maman; dans les années 50, aucune femme ne serait sortie sans cette soyeuse doublure volantée; mais celle-ci était très belle; sur le côtés de la robe, j’ai appliqué des tulipes de dentelle bleu pâle qui viennent d’une autre combinaison.
Nous sommes à mi-parcours, le devant dela robe est terminé, plus homogène que ne le sera le dos, couvert de dahlias afin d’illustrer l’inscription de devant: « reine des dahlias ».
Il est temps d’écrire noir sur blanc, l’évidence: les habits sont habités! Ces deux mots ne sont pas par hasard, de même étymologie. Ils sont empreints de sueur, de sang parfois, de parfum, de la mémoire des gestes, de nos façons de nous mouvoir . Il n’est pas sans conséquence d’endosser l’habit d’un autre; cette robe n’est pas une pièce de musée, juste belle, elle est vivante et liée à une histoire, cette histoire continue de s’écrire d’où l’absence de crainte d’y mettre ma patte; je ne suis qu’une des actrices de cette narration, la porte-plume, mais ma vie y est inscrite, j’en suis l’auteur, le metteur en scène et l’acteur (trice). Ainsi que la décoratrice et l’habilleuse (en partie…)Aussi, bien sûr, Lamartine avait-il raison de poser la question (dont il sous-entendait la réponse): « objets inanimés, avez- vous donc une âme »? Oui, et les robes -qui valsèrent et se transmirent de mains en mains, ces mains qui les caressèrent, et murmurèrent dans leur frou-frou des secrets qui ne se sont pas tus, – et les robes ô combien, ont une âme, n’est -ce pas mes soeurs?.