Des mains encore, mais en prière

Merci à tous vos commentaires, profonds, intelligents, vous voyez juste, vous lisez et devinez entre les lignes…

La robe mémorielle 12:

Les jeux de mains (séquence 11) sont suivis de mains jointes:

« Seule la PRIERE approche de cette concision et de cette pureté qui fondent la vérité . Ecrire, c’est comme une prière: ALLER à L’ESSENTIEL« . Broder aussi, c’est une écriture; broder c’est également aller à l’essentiel! Cette citation d’Elie Wiesel ne pouvait que me tenir à coeur, me re-tenir.

Ma famille maternelle avait un ciment: la foi. Si je n’avais pas envie de semer partout des croix, j’ai aimé l’idée de représenter des mains jointes et en prière; je l’ai représentée avec des gants faits au crochet par ma grand-mère, et un chapelet ancien,  un « chapelet de rien », rouillé; sûrement pas le chapelet dont se servait mon aïeule, mais il a été trouvé dans ses affaires.    

Plus, loin, sur la robe, une médaille que ma mère portait sur elle, et la vieille épingle double rouillée…

    C’est ma grand-mère qui m’a appris le crochet; j’étais très jeune et je l’ai beaucoup pratiqué. Je pense à elle quand je crochette. Ainsi le lien court-il  à travers le temps; on n’est jamais assez redevable…Attention à ce mot: je ne parle pas du devoir comme un fardeau qui pèserait sur mes épaules, mais l‘envie, le désir poignant de dire  ma grand mère et à ma mère l’infini don de ce que j’ai reçu d’elles, celui de la vie d’abord et de tout le reste qui m’est utile pour mon propre voyage sur terre. On perd toujours le gens qu’on aime trop tôt.

Je me souviens de ces mots poignants de Camille Claudel  qui éclairent   sa vie et son oeuvre « Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente ».

« L’avenir, ce sont les éléments du passé revisité »;  j’ai brodé ces mots de Goethe sur la robe: je ne suis pas nostalgique, mais j’ai des racines pour m’ancrer, cela permet à mon arbre de grimper vers le ciel, l’espace et demain. Nous reparlerons des racines…

Jeux de mains (La robe mémorielle 11)

  >« L’art est, comme la prière, une main tendue dansl’obscurité, qui veut saisir une part de grâce pour se muer en une main qui donne« . (Kafka)
 

Des doigts, deux mains forment un coeur, j’ai évidé celui- ci, j’ai cousu en appliqué-inversé un morceau d’un vieux jean de ma fille, car il me semblait qu’au fond, elle était moins présente que, par exemple ma maman dont il me restait beaucoup de souvenirs ou » reliques » et que je couvrais de dahlias.

Ce dessin (trouvé je ne sais plus où sur la Toile qui porte bien son nom!) est brodé au point de tige, il couvre le dos du corsage. J’ai brodé ensuite le coeur en jean lui-même, mumurant  en confidence, que l’amour parfois s’exprime maladroitement, mais il est là, il suffit de le faire sourdre comme l’eau jaillissante et essentielle. D’ailleurs, c’est le coeur qui guide la main, cette broderie est l’illustration de ce que nous ne devrions cesser d’oublier.

Cette 2° photo, prise de trop près, n’est guère lisible; c’est tant mieux, c’est un message d’amour entre ma fille qui s’en va 6 mois très loin de moi, et très loin même de la France et de ses racines familiales… 

La jupe a du « fond » , vaste surface à couvrir de texte, donc, à bientôt pour la suite de cette aventure textile…

NB:.Dans l’article précédent( la robe mémorielle 10) je parlais de « nier la mort », donc d’arrêter le temps, je vous propose cette citation: »Aujourd’hui, broder, c’est s’offrir le luxe du temps, gagné sur les transports, dérobé à la vie familiale, récupéré sur la télévision, détourné d’autres activités. La broderie requiert de la lenteur, un déroulement qui ne peut s’accélérer ou se compresser comme l’impose notre époque.  Chaque petit point est une fraction d’éternité. Offrir une broderie que l’on a faite de ses mains, c’est donner un peu de soi, mais aussi quelque chose de totalement immatériel et d’infiniment précieux : son temps ». (broderiepassion.free.fr)

L’article précédent, pour des raisons techniques trop longues à expliquer, se retrouve au 26 janvier(pour celles qui voudraient lire les commentaires ou leurs réponses)

Habit/habité

La robe mémorielle 9:

« Objets inanimés, avez -vous donc une âme? »

Sur la photo dessous, vous noterez les volants; ils sont coupés dans une « combinaison » (ou robe de dessous)de ma maman; dans les années 50, aucune femme ne serait sortie sans cette soyeuse doublure volantée; mais celle-ci était très belle; sur le côtés de la robe, j’ai appliqué des tulipes de dentelle bleu pâle qui viennent d’une autre combinaison.

Nous sommes à mi-parcours, le devant dela robe est terminé, plus homogène que ne le sera le dos, couvert de dahlias  afin d’illustrer  l’inscription de devant: « reine des dahlias ».

Il est temps d’écrire noir sur blanc, l’évidence: les habits sont habités! Ces deux mots ne sont pas par hasard, de même étymologie. Ils sont empreints de sueur, de sang parfois, de parfum, de la mémoire des gestes, de nos façons de nous mouvoir . Il n’est pas sans conséquence d’endosser  l’habit d’un autre; cette robe n’est pas une pièce de musée, juste belle, elle est vivante et liée à une histoire, cette histoire continue de s’écrire d’où l’absence de crainte d’y mettre ma patte; je ne suis qu’une des actrices de cette narration, la porte-plume, mais  ma vie y est inscrite, j’en suis l’auteur, le metteur en scène et l’acteur (trice).  Ainsi que la décoratrice et l’habilleuse (en partie…)Aussi, bien sûr, Lamartine avait-il  raison de poser la question (dont il sous-entendait la réponse): « objets inanimés, avez- vous donc une âme »? Oui, et les robes -qui valsèrent et se transmirent de mains en mains,  ces mains qui les caressèrent, et murmurèrent dans leur  frou-frou  des secrets  qui ne se sont pas tus, –  et les robes ô combien, ont une âme, n’est -ce pas mes soeurs?.

A propos de teintures

A la suite du précédent billet, j’ai eu plusieurs commentaires et emails à propos du tulle teint. Oui, on vend du ruban de tulle de couleurs, pour broder, , mais vous pouvez couper du tulle au mètre en fins rubans et le teindre, c’est mille fois moins cher……..(Léa Stansal le dit aussi dans le dernier de ses 4 bouquins mais n’indique pas  comment faire, voir plus loin la référence du meilleur ouvrage à ce sujet).Au micro-ondes, c’est l’affaire de quelques minutes; d’autant que vos couleurs pures  se conservent longtemps au frigo, vous ferez les dégradés au dernier moment. Je teins ainsi mes bouts de tissu, mes fils à broder, le ruban de tulle, etc……………je ne donne pas la façon de faire, car le meilleur tuto, 

… c’est le Magic loisir (ed de Saxe) n° 104 écrit par Marie Morin; c’est  une revue qui m’a tellement servi qu’elle est toute  flagada…….Mouillée, mal séchée, gondolée, prêtée, vieille d’au moins 10 ans… mais PAR-FAI-TE!!

PS , il y a aussi un bon article sur la Toile à ce lien: http://colorianne.pagesperso-orange.fr/Pages/Ateliers/filmtechteinturemo.htm, mais il vous manquera là tout le nuancier de mélanges possibles, cuillères de l’un et de l’autre pour tel résultat.., palettes de couleurs qu’ qu’on trouve dans Magic loisir.

PS2: l’illustration, c’est le souk des teinturiers à  Marakech, photo trouvée sur  google, par flemme de chercher dans mes propres albums…

Les dahlias (suite) et la robe mémorielle (8)

Dahlias réalisés soit en batik, soit en tissu Kaffe Faussett, le coeur est un pompon de laine.

Oui, nous conjuguons nos vies au féminin; avec fierté!

Feuilles appliquées au point de feston, plusieurs sont en tulle que j’ai teint au micro-ondes et rebrodé.